Carol-Marc Lavrillier par lui-même
J’ai consacré ma vie de photographe aux arts tombés en désuétude ou en devenir.
L’art exige une obstination
La sculpture est sans doute la première chose que j’ai vue de ma vie. Il y en avait partout dans l’atelier de mes parents et je me promenais comme dans une grande forêt en les touchant et en écoutant ce qu’elles disaient. Après avoir étudié la gravure, la médaille et la sculpture, j’ai décidé à vingt ans de faire de la photographie essentiellement parce qu’il y a en elle une magie qui permet de restituer l’importance d’une œuvre à partir d’une image seule.
En appuyant sur le bouton, je pouvais désigner la beauté et la transmettre aux autres. Ce qui est fascinant dans une image, c’est la façon dont on peut choisir et imposer la lumière.
Après ma rencontre avec l’œuvre d’ Antoine Bourdelle, qui dura plus de 30 ans, j’ai commencé en 1957 à travailler sur la Porte de l’Enfer de Rodin où je trouvais une part des choses que j’avais admirées dans mon enfance et surtout le propre parcours de Rodin qui a travaillé pendant 30 ans sur cette oeuvre. Il a mis tout ce qu’il pouvait penser, imaginer de sa vie. Ce qu’il a représenté le représente lui-même et représente aussi l’envers de l’espérance et de la joie : la destruction. En fait, la Porte de l’Enfer est un auto-portrait de Rodin.
Trente ans après, j’ai commencé à exposer ce travail photographique que je n’ai jamais quitté des yeux et qui est toujours resté présent dans ma vie et qui continue à me servir de guide puisque je le revis et le retravaille constamment.